PIERRICK PEDRON

Pierrick Pédron est l’un des meilleurs saxophonistes alto du jazz français, il est aussi un compositeur de talent avec un univers musical très ouvert. En perpétuel mouvement, il n’est jamais là où on l’attend, changeant souvent de direction musicale, mais gardant toujours le cap de l’innovation, de la rigueur instrumentale et du plaisir de jouer pour faire entendre sa musique au plus grand nombre. Il est incontournable depuis 2001, date de son premier enregistrement en leader et où il conçoit pour la firme Selmer le saxophone alto « Référence ». A l’automne 2015, il sortira son huitième album en leader, avec encore une fois, un nouveau et passionnant virage inattendu.


Pierrick Pédron est né le 23 avril 1969 à Saint-Brieuc, il débute la musique au saxophone alto dès l’âge de sept ans. Son professeur est l’accordéoniste Georges Gouault qui jouera un grand rôle dans son éducation musicale. Puis il s’initie rapidement à la scène en jouant dès l’âge de neuf ans dans les bals populaires de sa Bretagne natale. Il découvre le jazz à 16 ans et intègre le CIM en 1987. A Paris, il participe à de nombreux projets funk et rhythm & blues (Sinclair, Juan Rozoff...). C’est en 1994 qu’il fait ses débuts discographiques aux côtés du flutiste Magic Malik, puis il participe à un big band de saxophones : « Le Douzetet de Sax » avec Lionel Belmondo et François Théberge. Il est aussi lauréat du Concours de La Défense en 1996 au sein de la formation Artaud/Blanchet et poursuit ses expériences dans le club parisien Le Petit-Opportun dans le cadre des Nuits blanches du club qui constitue un formidable terreau de la nouvelle génération jazz parisienne avec notamment Baptiste Trotignon, Olivier Témime, Vincent Artaud ou Alex Tassel. Il se produit avec le pianiste Alain Jean-Marie à Paris et enregistre avec le trompettiste Ernie Hammes à New-York où il résidera plusieurs mois et où il jouera dans plusieurs clubs.

De retour en France, il enregistre son premier album en tant que leader en quartette (avec Baptiste Trotignon, Vincent Artaud et Franck Agulhon). Le disque s’intitule “Cherokee”, il sort en 2001 et comme son titre l’indique, le jeu de Pierrick Pédron s’inspire de Charlie Parker, tout en sachant aussi s’en détacher, pour proposer un univers personnel sur plusieurs compositions. Il est choisi au même moment par Selmer pour concevoir le saxophone Alto « Référence » qui sera commercialisé en 2003. Il forme un nouveau quartette et joue également en duo avec Michel Graillier ainsi qu’avec les frères Belmondo.


Pierrick Pedron : portrait d'un jazzman


En 2004, Pierrick Pédron signe sur le label Nocturne de Yann Martin et enregistre son deuxième album : “Classical Faces” avec son quartette (Pierre de Bethmann, Vincent Artaud et Franck Agulhon) qui se transforme en sextette (avec l’adjonction de Magic Malik et Thomas Savy) sur quelques titres, ainsi qu’en tournée. L’album s’ouvre sur un hommage à Pink Floyd, intitulé Pink et Pierrick s’amuse souvent à délaisser les rythmiques endiablées et bebop de Cherokee pour un univers impressionniste, teinté de poésie. Il s’essaye aussi pour la première fois au saxophone soprano. Le disque est bien reçu par la critique (disque d’émoi Jazz Magazine, Prix Charles Cros, ƒƒƒ Télérama).

Puis, Pierrick Pédron va participer au Paris Jazz Big Band et se produire au sein du big band de Wynton Marsalis à Marciac. En février 2005, il enregistre un disque avec le pianiste anglais Gordon Beck lors d’un concert parisien (“Seven Steps to Heaven”). Il retourne à New-York en 2005, où il enregistre avec le pianiste Mulgrew Miller, le contrebassiste Thomas Bramerie et le batteur Lewis Nash, un disque de standards intitulé : “Deep in a Dream” (choc de l’année 2006 Jazzman, disque d’émoi de l’année pour Jazz Magazine, double prix de l’Académie du Jazz). C’est l’album de la consécration, que ce soit du point de vue de la profession, que du public. Le disque se vend bien (plus de 6000 exemplaires en quelques mois) et lui permet de se faire connaitre d’un public plus vaste et de devenir un acteur incontournable de la scène du jazz français. Il donnera beaucoup de concerts avec ce projet (près de 150) et effectuera notamment une tournée avec la présence de Mulgrew Miller.

En 2006, Pierrick Pédron participe au septette du contrebassiste Jacques Vidal, ils enregistrent l’album “Mingus Spirit” avec notamment la présence du trompettiste américain Eddie Henderson. Puis après quelque temps de réflexion, Pierrick Pédron ne va pas se reposer sur ses lauriers, et effectue en 2009 un virage à 180 degrés avec un album ambitieux intitulé “Omry”, où il délaisse le jazz classique pour une fusion singulière entre pop music et jazz, avec des compositions originales qui rendent à la fois hommage à la musique pop de Pink Floyd et à la chanteuse égyptienne Oum Kalsoum ! Les arrangements sont signés du pianiste Laurent Coq qui partage les claviers avec Eric Legnini, il y aussi la présence du guitariste belge Chris de Pauw, du bassiste Vincent Artaud et deux batteurs : Franck Agulhon et Fabrice Moreau. Le travail de production est passionnant et plutôt innovant dans le monde du jazz, il déroutera certains fans de la première heure alors qu’il convaincra un public plus jeune et plus ouvert.

En 2010, Pierrick continue de collaborer avec Jacques Vidal, mais cette fois-ci dans la formule du quintette où il participe à l’enregistrement de “Fables of Mingus”, puis il signe l’année suivante sur le label Act et poursuit son virage pop initié par “Omry” avec “Cheerleaders”, où l’on entend un impressionnant travail de production de Ludovic Bource et de l’ingénieur du son Jean Lamoot. Cet album conceptuel mêle jazz, pop et psychédélisme, il est scénarisé autour de l’histoire d’une majorette à travers neuf épisodes clés de sa vie. On y trouve le même sextette qu’“Omry” accompagné d’une fanfare de dix-sept cuivres et d’un chœur de six voix.

En 2012, Pierrick revient clairement au jazz-bop qu’il aime tant dans une formule acrobatique sans piano, en trio (avec Franck Agulhon, Thomas Bramerie). L’album qui s’intitule : “Kubic's Monk” reprend exclusivement des compositions de Thelonious Monk dont certaines sont très peu souvent jouées. On y trouve sur trois titres un invité de marque: le trompettiste américain  Ambrose Akinmiusire. Le disque reçoit un très bon accueil critique et il est récompensé du prix du disque français de l’Académie du jazz.

En 2014, toujours pour Act, Pierrick Pédron reprend sa formule du trio pour cette fois-ci proposer des arrangements jazz à partir de chansons du groupe rock des années 1980 et 1990 : The Cure. L’album “Kubic’s Cure” est une nouvelle étape dans la démarche singulière de Pierrick Pédron de synthétiser toutes les musiques qu’il aime en y insufflant la sonorité singulière de son saxophone alto et un arrangement rythmique jazz. On y trouve en invités des grandes personnalités du jazz français comme Médéric Collignon ou Thomas de Pourquery.

En cette même année 2014, il participe à l’album de Ricardo del Fra “My Chet, My Song” en hommage à Chet Baker ainsi qu’à “Cuernavaca” de Jacques Vidal autour de la musique de Charles Mingus.

A l’automne 2015 sortira le nouvel et huitième album de Pierrick Pédron, et une fois de plus, il nous surprend et prend un nouveau virage avec un projet sur le groove et le funk avec des musiciens talentueux, mais peu connus en France, venus de tous les coins de l’Europe. Une musique à la fois complexe et dansante, que n’aurait pas reniée un certain Quincy Jones ou les Brecker Brothers. La direction artistique est assurée par le fidèle Vincent Artaud avec un soin particulier apporté au son et au mixage (sur une période de dix-huit mois) par le génial sorcier Manu Gallet dont les astuces sonores nous font parfois penser au travail de Teo Macero.


Récompenses : 1996 : lauréat du Concours de La Défense au sein de la formation « Artaud / Blanchet » / 2006 : Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz (meilleur musicien français de l’année) et Prix du disque français pour Deep In A Dream. / 2007 : Nommé dans la catégorie « Révélation française de l’année » aux Victoires du Jazz. / 2012 : Nommé dans la catégorie « artiste ou formation de l’année » aux Victoires du Jazz. / 2013 : Prix du Disque Français pour Kubic's Monk décerné par l’Académie du Jazz et une nouvelle fois nommé dans la catégorie« artiste ou formation de l’année » aux Victoires du Jazz.


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