CHRISTOPHE DAL SASSO
Compositeur et arrangeur dont le talent s’est révélé en association souvent étroite avec les frères Lionel et Stéphane Belmondo, Christophe Dal Sasso développe une œuvre écrite dans laquelle il conjugue, à la manière de Gil Evans, l’expressivité individuelle des solistes de jazz à des procédés compositionnels en partie empruntés à la tradition savante occidentale.
Né le 8 août 1968 à Hyères (dans le Var), Christophe Dal Sasso débute la musique à l’âge de huit ans dans l’harmonie locale, avant de commencer l’étude de la trompette à douze ans, un instrument sur lequel il fera carrière jusqu’au début des années 2000. Passé dans les écoles de musique de la Londe-les-Maures et Solliès-Toucas entre les mains d’Yvan Belmondo, père du saxophoniste Lionel Belmondo et de son frère trompettiste Stéphane, qui deviendront des compagnons de musique de longue haleine, il s’initie également au jazz auprès de Tony Petrucciani, frère aîné du pianiste, de 1985 à 1989, et fait partie de diverses formations locales. Monté à Paris en 1990, il suit les cours de l’arrangeur Ivan Jullien au CIM pendant quatre ans, tout en maintenant une activité professionnelle comme trompettiste, notamment au sein du groupe Mambomania. En 1992, il reçoit le premier prix d’orchestre du Concours de jazz Heineken à La Villette.
En 1997, il crée un big band, qu’il codirige un temps avec Lionel Belmondo, qui joue régulièrement dans les clubs parisiens. Une partie du répertoire de cet orchestre est immortalisé en 2002, sur le disque Ouverture, qui révèle sous sa plume les influences assimilées des grands arrangeurs modernes du jazz, de Bob Brookmeyer à Bill Holman en passant par Marty Paich et jusqu’à Tom Harrell dont deux compositions sont à son programme. Au même moment est enregistrée son ambitieuse orchestration de « A Love Supreme » de John Coltrane, suite dont les quatre mouvements sont transposés à l’échelle d’un big band, qui sera donné en 2009 au festival de Marciac mais ne verra le jour sur disque qu’en 2014.
Associé à la plupart des projets orchestraux des frères Belmondo, Christophe Dal Sasso est ainsi impliqué dans Hymne au soleil (2002), qui revisite les œuvres de Lili Boulanger et de compositeurs français issus de la tradition de l’orgue liturgique à l’aune du jazz. Il participe également avec eux au répertoire d’Influence, double album avec le saxophoniste Yusef Lateef (2005) et signe, la même année, Exploration, disque conçu autour de la personnalité et des concepts harmoniques développés par le saxophoniste David Liebman qui, par la suite, lui passera commande d’une œuvre créée par l’Ensemble Intercontemporain. Parallèlement, il épaule David El-Malek dans le développement d’une version symphonique de son projet Music from Source pour l’Orchestre national de Lyon.
Conciliant une activité de pédagogue avec celle d’orchestrateur sollicité pour diverses productions phonographiques ou scéniques importantes (Milton Nascimento, Fredrika Stahl, Jean-Luc Ponty…), Dal Sasso poursuit une œuvre de compositeur à la tête de formations variables, à l’effectif volontairement moins étoffé qu’un big band traditionnel, constituées de musiciens de premier plan du jazz hexagonal (Pierre de Bethmann, Thomas Savy, David El-Malek…). S’y font entendre son attachement à quelques valeurs fondamentales de la tradition du jazz tout autant que l’écoute attentive qu’il a pu faire des quelques compositeurs majeurs du XXe siècle, d’Igor Stravinski à Henri Dutilleux, et la maîtrise qu’il a acquise de techniques d’écriture contemporaines (Prétextes, 2011 ; Ressac, 2013, avec récitant). Flûtiste depuis 2001, recourant parfois à des instruments artisanaux de sa conception sous l’influence de Lateef, il témoigne dans ses créations qu’une partie de son inspiration reste attachée aux rivages méditerranéens qui l’ont vu naître et sur lesquels il a fondé, en 2009, le festival de jazz de La Londe-les-Maures.